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Message de Numlog à Raffarin

vendredi 22 octobre 2004

Monsieur le Premier ministre,

NUMLOG, notre petite entreprise, a été fondée pour développer et commercialiser un produit de transmission de données techniques adapté au secteur de la construction automobile.
Notre produit permet d’échanger facilement des données, telles que des définitions numériques de véhicules, entre donneurs d’ordres et sous-traitants.

Il a été possible à une toute petite entreprise comme la nôtre de développer un produit comme celui-ci, car les « briques technologiques » nécessaire sont assez basiques..
Les protocoles et méthodes d’échanges de données qui sous tendent notre produit font l’objet de spécifications européennes : groupe Odette au niveau européen, Galia en France, VDA en Allemagne, etc...
Ces spécifications ont fait leur preuves en termes de qualité méthodologique et d’efficacité, au point que le groupe de travail international SASIG, composé de membres des organisations européennes mais aussi de l’AIAG (USA), JAMA et JAPIA (Japon), de coréens et d’australiens ont élaboré un nouveau standard d’échange, basé sur les spécifications européennes. Belle reconnaissance pour notre « vieille Europe » !

Le problème est que ces nouveaux standards s’appuient sur des technologies nettement moins basiques, telles que XML pour le message et PKCS7 pour l’encryption.
Les outils nécessaires pour mettre en oeuvre ces technologies ne doivent leurs prix accessibles qu’à la présence des logiciels libres. En effet, ceux-ci offrent en la matière de très intéressantes alternatives aux outils propriétaires, et ont généralement une certaine avance technique sur ces derniers...
Grâce aux logiciels libres, une petite entreprise comme la nôtre peut « suivre ».
Nous n’hésitons d’ailleurs pas à participer concrètement au développements des projets de logiciels libres qui nous intéressent et nous sont utiles.
Ainsi, en bénéficiant des résultats de ces travaux « communautaires », nous sommes maintenant présents dans les domaines de la sécurité réseau (FireWall et VPN) avec nos propres produits, ce qui n’est pas plus idiot que de revendre ceux des majors américains ou israéliens !.
Grâce à l’XML et aux outils libres, nous avons aussi développé notre propre environnement EDI, que nous commercialisons maintenant.

Or, au cours du conseil des ministres européens du 18 Mai dernier, vous avez balayé d’un revers tout le travail qui avait été produit (et auquel j’ai participé personnellement) pour faire pièce aux lobbies anglosaxons. Ces lobbies représentent les « majors » de l’industrie du logiciel, dont l’intérêt très immédiat est, au travers de ces fameux brevets, de mettre par terre le logiciel libre.

Avec le texte que vous avez adopté, Linux vit ses dernières années.
Devinez qui ça arrange ?

Tous les outils que nous utilisons dans nos produits enfreignent une quantité impressionnante de brevets plus stupides les uns que les autres et vont donc devoir disparaître.
Et nous avec.

Est-ce vraiment là l’intérêt de l’Europe ?

Dans l’attente d’une action résolue du gouvernement français pour protéger les intérêts européens face aux monstres transnationaux, je me tiens à votre disposition pour de plus amples informations et vous prie d’agréer, monsieur le Premier ministre, l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.

Francis GASCHET
Co-fondateur et gérant de NUMLOG SARL

P. S. : Dans l’objet de mon message j’ai sélectionné « Autres ». Plus que l’expression de mon opinion, ceci est un appel à l’aide pour des milliers d’entreprise européennes comme la nôtre.